députations arméniennes se rendirent à Paris pour demander l ' i n –
tervention de la France. M. de Freycinet, qui dirigeait alors les
affaires étrangères, répondit que le ministère français ne pouvait
prendre l'initiative de cette question, mais que si l'Angleterre se
mettait en avant, la France appuierait ses démarches !
Les Arméniens s'adressèrent alors à l'Angleterre, leurs souf–
frances trouvèrent un appui dans la presse anglaise, et les commer–
çants eux-mêmes prirent fait et cause pour leurs clients d'Ana-
tolie.
Malgré la promesse de M. de Freycinet, la France et la presse
française assistèrent indifférentes aux massacres des Arméniens, à
l'extermination de toute une nation.
La question arménienne, jusque-là, ne semble pas avoir été po–
pulaire en France, et nous assistons, à ce sujet, à un spectacle
singulier d'un ambassadeur français à Gonstantinople parfaitement
à la hauteur de sa mission, très au courant des souffrances des
Arméniens, qui les déplore et s'apitoie sur le sort de nos compa–
triotes, tandis que ni le gouvernement ni la presse de France ne
font rien pour venir en aide à une nation chrétienne si douloureu–
sement opprimée !
Si l'Arménien se révolte aujourd'hui avec l'appui de l'Angle–
terre, comme on le prétend, i l paye du moins du plus pur de son
sang le seul crime qu'il a commis, celui d'aspirer à la liberté par
l'instruction et le travail. A ce titre, n'a-t-il pas droit à la sympa–
thie des nations qui sont arrivées à l'indépendance par les mêmes
moyens qu'il emploie aujourd'hui dans ses montagnes de l'Asie
Mineure ?
(
Revue de l'Orient chrétien,
juillet 1896.,)
Fonds A.R.A.M