vilayets
d'Arménie. En dépit des précautions et des mensonges, la
vérité vengeresse traverse l'espace. Elle arrive à l'oreille et au
cœur de la France.
I l y va, non seulement de l'honneur de nos traditions, mais de
nos intérêts les plus immédiats et du respect même de notre
pavillon, dans ces contrées du Levant où les
Francs
représentent
la civilisation de toutes les races occidentales. Prenons garde que
cette clientèle ne nous échappe et n'aille solliciter, ailleurs, un
patronage que nous lui mesurons avec parcimonie !
Quand des provinces entières sont livrées au massacre et au
pillage, i l faut qu'elles trouvent une France attentive à leurs
douleurs, empressée pour leur défense, et non point engourdie
dans un mol
êgoïsme.
L'Arménie figure, au premier rang, parmi ces victimes qui
réclament et méritent notre compassion. Or, i l ne suffit pas de la
plaindre, i l convient de l'aider résolument, d'empêcher sa des–
truction, conçue et perpétrée avec une tenace perfidie.
Jamais, depuis la conquête ottomane, la rage de barbarie ne
s'était déchaînée avec autant de continuité systématique que du –
rant l'automne et l'hiver derniers.
WSs
Le
Martyrologe,
dressé par le P. Gharmetant, nous avait ap–
porté des documents sinistres. Ils sont corroborés, aggravés par le
volume des
Massacres
:
et c'est l'effroyable défilé des extrêmes
raffinements de la sauvagerie.
Des corps humains, dépecés et pendus par morceaux à des cro–
chets, à la devanture d'une boutique, tandis que l'assassin s'écrie:
«
Que demandez-vous? des bras? des jambes? des pieds? des
têtes? Achetez ! G'est à bon marché ! »
Des cadavres et des blessés, entassés pêle-mêle, enduits de
pétrole, et formant un bûcher qui flambe, parmi les éclats de rire
des musulmans. Ailleurs, les bourreaux enfoncent leur poignard
dans la poitrine et le cou des chrétiens et l ' y retournent comme
une vrille, à moins que mieux ils n'aiment se servir de haches
pour éventrer des femmes enceintes.
La bastonnade, l'eau glacée versée sur la nuque du patient, les
clous enfoncés dans les pieds et les mains en commémoration du
Fonds A.R.A.M