Le t t r e s s u r l es désastres d'Arménie en 1895.
La relation suivante se passe de tout commentaire. Quel spec–
tacle horrible ! la cruauté des bourreaux, la*patience des victimes,
Tineitie du pouvoir central, l'indifférence des grandes puissances
de l'Europe civilisée, l'héroïsme des martyrs compensant la t i m i –
dité et la lâcheté d'un certain nombre, voilà le tableau émouvant
qui plaide mieux que nous ne saurions le faire nous-même la cause
de ces infortunés chrétiens. Mgr Altmayer, que nous avions l'hon–
neur de voir ces jours derniers, nous affirmait que le chiffre des
victimes atteignait trois cent mille. Quant aux malheureux, privés
de tout secours, de toutes ressources, i l est incalculable. Aussi ne
soyons pas surpris si orientaux et latins poussent vers nous des cris
de détresse dont nous nous empressons de nous faire l'écho.
Trois mois environ se sont déjà écoulés depuis les massacres de
Diarbékir. Les documents rapportant les détails de cette sanglante
catastrophe, ayant subi un retard prolongé, et d'autres correspon–
dants ayant pu les signaler aux
Missions Catholiques,
je ne les
mentionnerai ici que d'une manière succincte.
Les massacres de cette ville fortifiée furent habilement préparés
par les musulmans, dont le fanatisme a dépassé en excès les atrocités
imaginées par les Turcs des autres provinces de la Turquie
d'Asie.
La nomination d'Enis Pacha au poste du gouverneur général
de ce vilayet fut néfaste aux chrétiens, dont ce fonctionnaire était
un ennemi acharné. C'est comme tel d'ailleurs qu'il fut salué avec
des démonstrations enthousiastes par les musulmans indigènes qui
n'hésitèrent pas à adresser au Sultan un télégramme de remercie–
ment pour cette nomination. Ce vali, fléau du christianisme,
Fonds A.R.A.M