intention de tenir, dans les provinces centrales, en Arménie,
i l tue, massacre, incendie, pille, viole et se vautre dans le
sang. Le pays se prête d'ailleurs à merveille à ses affreux
desseins : sans communications, presque sans rapports com–
merciaux, ni sécurité, aussi le Turc sait qu'il peut continuer à
y égorger les pauvres Arméniens sans que de fâcheux témoins
assistent au carnage.
Lorsque ces atrocités arrivent cependant à être connues,
l'Ottoman sanguinaire reprend son masque de candeur et,
s'appuyant sur le perpétuel désaccord des puissances, i l a
l'audace de nier les faits atroces qu'on lui reproche. Enfin,
s'il voit que l'Europe cesse de croire à ses déclarations
constamment mensongères, i l se disculpe en accusant les
Arméniens d'avoir suscité ces actes de barbarie sauvage que
les Kurdes et les bachibozouks commettent chaque jour, sous
les yeux des autorités, sur ces Chrétiens depuis longtemps
désarmés, timides, oppressés, avilis et outragés. Telle est la
comédie lugubre qui se joue depuis des années et dont sont
victimes les Arméniens, comme le furent jadis les Grecs, les
Maronites du Liban et plus tard les Bulgares.
Combien de temps encore laissera-t-on les Turcs torturer,
massacrer, non seulement les hommes, mais les enfants,
mais les femmes dont ils ne respectent même pas ce qui fait la
femme par-dessus tout respectable, c'est-à-dire la maternité:
ils éventrent les femmes enceintes et écrasent leurs enfants
sous leurs bottes ! Des faits aussi monstrueux se passent decom-
mentaires. I l faut espérer que d'ici peu de jours, ce que l'on
appelle le concert européen sera définitivement établi et que
les puissances signataires du traité de Berlin seront char–
gées de mettre fin à cet état de choses qui est la honte de
notre fin de siècle.
Fonds A.R.A.M