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sans compter les centaines de blessés qu'ils laissent sur leur
passage.
Ils pillent ensuite tour à tour le marché, tenu en grande partie
par des Arméniens, et les maisons. Détail caractéristique, le quar–
tier des Grecs fut soigneusement préservé du pillage comme aussi
du massacre. L'évêque arménien catholique, Mgr Paul Emmanue-
lian,qui était pourtant vénéré par les musulmans, non moins que
par les chrétiens de Gésarée, a été gravement menacé devant le
bureau de la poste, où i l se trouvait au début de l'émeute, et c'est
par un vrai miracle qu'il a échappé à la mort.
Les nouvelles du district de Hadjin (sur les flancs du Taurus)
sont très alarmantes. La ville de Hadjin compte plusieurs m i l –
liers de grégoriens et environ deux cents familles d'Arméniens
catholiques. Les autorités militaires élèvent un fort près de la
ville, sur laquelle sont déjà braqués les canons, ce qui cause à ses
habitants une terreur d'autant plus vive que des tribus sauvages
de Kurdes et de Gircassiens ravagent déjà, au su et avec la con–
nivence des autorités civiles, tous les villages arméniens des envi–
rons.
La tribu Avchare a saccagé Roumou, village de cent cinquante
maisons. Gardéré, autre mission arménienne catholique, a été rasée
par l'incendie ; quarante familles de cette mission et vingt de celle
de Roumlou sont allées assiéger leur évêque, Mgr Terzian, qui
se trouve à Hadjin, occupé à reconstruire la chapelle et l'école de
la mission. Tout ce monde demande du pain, Mgr Terzian, au
désespoir, se multiplie pour secourir ces malheureux et fait tout ce
qu'il peut pour leur procurer un abri provisoire, mais i l faut les
nourrir, les vêtir, et l'hiver est très dur. Bon nombre d'Arméniens
fugitifs, n'ayant pu trouver de gîte, ont dû passer plusieurs nuits
à la belle étoile ! Gomment dépeindre leur misère ! Des femmes
enceintes accouchaient dans les rues, sur la neige, et n'avaient pas
de langes pour envelopper leurs nouveau-nés.
Je viens de recevoir communication d'une longue relation sur
les massacres de Diarbékir. Je la réserve pour ma prochaine cor –
respondance.
Les faits que j ' a i déjà rapportés démontrent la misère profonde
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Fonds A.R.A.M