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châtier la population, restée sans chefs, et une Commission pour
recouvrer les arriérés. La cour martiale a commencé par jeter en
prison une trentaine d'Arméniens et par mettre à prix la tête d'un
Arménien catholique, nommé Babig et réputé comme chef d'insur–
gés. La Commission des impôts est sans pitié.
Constantinople, 8 décembre 1878.
Diarbékir.
Les fils de Bédirkhan Pacha, entraînés par le chef
kurde Hamid Agha, se sont soulevés contre le gouvernement. Leur
premier acte a été d'envahir le village arménien de Dehé, où ils ont
mis tout à sac et au pillage, après avoir violé depuis les petites
filles de huit ans jusqu'aux femmes lçs plus âgées, voire même les
octogénaires.
Le caïmacam de Slivan, un nommé Nédjib Agha, pille et persé–
cute tout ce qui est chrétien. A Khayni, Abdoullah Bey etRachid,
deux notabilités de la localité, rivalisent de zèle à qui ferlée
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souffrir les chrétiens.
Un peu plus loin, Ahmed Bey et Cheik Ahmed avec leur bande
exercent le brigandage sans merci; pas une maison qui n'ait été
.
visitée, pas une église qui n'ait été dévalisée. Sans parler du rapt
qu'on pratique assez souvent, le meurtre et le pillage sont à l'ordre
du jour. Eguil, chef des Kurdes, à la tête de la tribu Terrikan,
parcourt le pays pour le mettre à sac et au pillage.
Diarbékir, 21 décembre 1878.
Marash.
Le clergé et les notables Arméniens de Marash
ont soumis au Patriarcat un rapport sur les mauvais traitements
infligés à Marash aux prisonniers de Zeitoun. Ceux-ci ont été insul–
tés et battus dans les rues de la ville par la populace musulmane,
Les Turcs, surexcités, se livrent à des démonstrations hostiles
contre les Arméniens. Les ecclésiastiques, toutes les fois qu'ils
sortent, sont reçus à coups de pierres; ils n'osent plus s'aventurer
hors de chez eux. Les églises sont le point de mire des projectiles
de toute nature, y compris les immondices.
Fonds A.R.A.M