préoccupées de faire exécuter les clauses du traité de Berlin rela–
tives à la sécurité des chrétiens d'Orient ; les manœuvres de l'An–
gleterre, et tout particulièrement du cabinet Salisbury, que l'ora–
teur a flétries aux applaudissements enthousiastes de l'auditoire, et
enfin le fanatisme musulman.
Cette partie de la conférence a été particulièrement intéressante
et instructive. Le sultan actuel, Abd-ul-Hamid, n'est point insi–
gnifiant : i l a une personnalité bien accusée. Arrivé au trône par
une révolution, poussé surtout par le parti de la « Jeune Turquie »,
qui réclame une constitution, la constitution de Midhat-Pacha, i l
s'est empressé de rompre avec ceux qui l'avaient soutenu, et les
poursuit de sa haine. Voyant se resserrer les limites territoriales
de son empire et la Turquie d'Europe lui échapper peu à peu, i l
s'est souuenu qu'en même temps que sultan i l est aussi calife et,
à ce titre, chef de tout l'Islam ; i l a appelé auprès de lui des ma–
rabouts vénérés d'Afrique et favorisé les vieux Turcs.
Je ne crois pas cependant, a dit M. A. Leroy-Beaulieu, que le
sultan ait donné l'ordre des massacres ; mais ceux qui les ont
accomplis, Kurdes et soldats réguliers, savaient que loin d'être
blâmés, ils seraient agréables. Le vrai coupable, c'est donc le fana–
tisme musulman ; et l'orateur a rappelé ce fait authentique : un
cavas de l'ambassade française à Constantinople, disant à une r e l i –
gieuse épouvantée : « Ah ! on tue là-bas les chrétiens, que ne
pouvons-nous en faire autant ! »
I l y a d'autres coupables aussi; c'est l'inertie des puissances,
leurs intérêts divers, le silence acheté de la presse européenne.
L'orateur n'a pas hésité à l'affirmer : et comment ne pas le croire,
quand même ce ne serait pas aujourd'hui une chose avérée, par le
fait suivant : des invitations à cette conférence avaient été adres–
sées à tous les journaux : or deux ou trois seulement, dont un
journal anglais, avaient envoyé des représentants; i l est vrai que
l'ambassade turque était représentée aussi. Ce n'est pas là seu–
lement une honte pour l'Europe, c'est — M . A. Leroy-Beaulieu
l'a dit nettement — une imprudence grave.
I l faut que ces horreurs ne se renouvellent plus, et pour cela i l
est nécessaire que les puissances interviennent et s'entendent pour
Fonds A.R.A.M