lue à dix mille le nombre des Arméniens assassinés ; d'autres éva–
luent à une dizaine le nombre des musulmans qui ont été tués. Nos
révolutionnaires devraient prendre en considération cette propor–
tion, identique à celle qui a été observée dans les massacres de
l'Anatolie. Si les Hentchakistes et les Drochakistes continuent
leurs folles entreprises, i l restera en Turquie très peu d'Arméniens
pour profiter un jour de l'application des réformes...
Le
Standard,
le
Daily News,
la
St-James's Gazette
et autres
journaux ont publié, le 29 août, les lignes suivantes :
Un représentant du
Central News
a eu hier une entrevue avec
le professeur Tchéraz,directeur de
L'Arménie,
au sujet des récents
désordres à Constantinople. Le professeur, qui est un gentleman
arménien de Constantinople, a dit :
«
Les causes de ces événements sont multiples: Depuis son avè–
nement au trône, Abd-ul-Hamid I I n'a fait que provoquer les
Arméniens. C'est lui qui a ordonné les massacres du Sassoun et
toutes les boucheries qui ont ensanglanté la Turquie, et i l a pu le
faire avec impunité,grâce aux rivalités qui divisent les puissances.
I l a pris, tout récemment, des mesures propres à exaspérer davan–
tage ses sujets arméniens. I l a fait pendre avec ostentation des
Arméniens qui n'avaient commis aucun crime. I l a décoré les
auteurs des récents massacres de Van. I l a invité à Constantinople
et comblé de ses faveurs des centaines de Kurdes, qui s'étaient dis–
tingués par leur férocité dans les massacres arméniens. I l a détrôné
le patriarche arménien Izmirlian, qui était l'idole de la nation, et
lui a arbitrairement donné pour successeur un indigne évêque
qu'il avait gagné à ses intérêts. La police turque croit qu'il y a à
Constantinople douze mille révolutionnaires arméniens appartenant
au parti hentchakiste ; ce sont eux qui ont organisé cette nouvelle
manifestation, comme nne protestation solennelle contre la cruauté
du Sultan et la lâcheté de l'Europe. Les puissances se trompent
si elles s'imaginent qu'elles parviendront à pacifier la Turquie,
en permettant au Sultan d'exterminer les Arméniens : d'abord
parce qu'une bonne moitié du peuple arménien vit en dehors
de l'empire ottoman, ce qui fait que le cimeterre turc ne saurait
l'atteindre ; et, ensuite, parce que l'exemple des mécontents
Fonds A.R.A.M