A Méghou (Erzinghian), les Arméniens parviennent à repousser
trois attaques turco-kurdes. Un officier turc, Salih Effendi, vient
à la tête de cinquante cavaliers désarmer ces Arméniens. I l encou–
rage sous main les agresseurs musulmans qui attaquent encore une
fois le village, pillent les maisons des Arméniens et menacent de
massacrer les chrétiens s'ils n'embrassaient pas l'islamisme. Us tuent
quinze Arméniens et en blessent grièvement vingt-cinq. Le reste
est conduit, avec le prêtre,
à
la mosquée. Une fois là, les musul–
mans coiffent le prêtre d'un turban blanc et le forcent
à
réciter le
Salavat.
Le prêtre et ses ouailles se déclarent prêts à subir le
martyre. Au moment où les musulmans les attaquaient pour les
passer au fil de Tépée, Suleïman Pacha arrive avec des troupes
et rétablit l'ordre.
Le pillage et le massacre menacent les chrétiens
à
Van et dans
les villages environnants, aussi bien qu'à Beybouth, à Gésarée,
à
Karahissar, à Angora, à Tokat et à Sivas.
L
Arménie,
15
mai 1896.
X X V
Pour les affamés.
Des milliers d'Arméniens et d'Arméniennes, brûlés vifs ou
horriblement mutilés, jonchent les cimetières de Constantinople et
des provinces de la Turquie d'Asie. D'autres se sont précipités
dans les puits et dans les flots de l'Euphrate, pour échapper à
l'apostasie et au déshonneur. Le sang de ces martyrs a baptisé
et rebaptisé chaque pierre de la patrie arménienne. Jésus crucifié
n'a pas connu les tortures que l'Arménie chrétienne vient de
subir pour sa doctrine de pardon et d'amour.
Fonds A.R.A.M