LA TURQU I E NOUVEL LE E T L'ANCIEN RÉGIME
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«
actes de folie du Sultan sont généralement suivis de bassesse et
«
d'infamie »
( 1
e r
janvier
1900).
—
«
Ses affinités avec les^criminels
«
l'ont conduit peu à peu à cette conviction qu'il ne se maintiendra
«
sur le Trône et ne pourra gouverner à sa fantaisie qu'avec le
«
concours de la canaille. Mais, alors, c'est un^dément. Nous ne disons
«
pas autre chose »
(10
octobre
1901).
—
«
Abdul Hamid ressemble à
«
un papier-monnaie déprécié ; i l n'est qu'un chiffon ; ce sont les
«
intéressés seuls qui lui donnent une certaine valeur, dans l'unique
«
but de jouer derrière lui quelque rôle politique et financier. »
A. R.
(
Mechveret,
15
janvier
1900).
—
«
Je crie : honte aux gouverne-
«
ments qui prêtent leurîconcours aux aberrations idiotes d'un aussi
«
néfaste monomane »
( 1
e r
avril
1900).
On pourrait, je le répète, publier un volume entier d'extraits
semblables, de
1896
à juillet
1908
:
ceux-là suffiront pour bien montrer
aux philosophes et aux politiques les changements opérés. Je termine–
rai par ces véhémentes menaces :
A propos de l'anniversaire du Sultan, le
Mechveret,
parlant de la
terreur du souverain, terreur « qu'expliquent, d'ailleurs, dit le jour-
«
nal d'Ahmed Riza, tant de crimes commis, tant de massacres ordon-
«
nés par lui », s'écrie : « Le sang, l'odeur de ce sang lui monte à la
t
gorge... O grand coupable... Vous êtes condamné à ce châtiment
«
de ne voir que le sang de vos victimes. Toutes les puissances de la
«
terre complices de vos crimes, lâches adulatrices de vos forfaits, ne
pourront pas vous protéger contre cette apparition rougeâtre et
«
vengeresse, qui vous torture, qui vous torturera jusqu'à la fin de vos
< jours, dont jamais vous ne serez délivré, même après avoir cessé de
«
vivre, même au-delà du tombeau. La robe sanglantelvous pour
«
suivra, suspendue aux voûtes éternelles par un fil invisible, le fil
«
du grand Justicier qui ne vous lâchera plus, qui ne peut pas vous
«
lâcher, car, s'il le faisait, i l cesserait d'être le grand Justicier et le
«
crime resterait impuni. Non, cela ne se peut pas. »
(
Mechveret,
1 «
septembre
1900.)
Et, dans un des numéros suivants, Ahmed Riza écrivait : « Féliciter
«
Abdul Hamid, c'est faire l'apothéose de la férocité ; c'est l'encou-
«
rager dans ses criminelles entreprises ; c'est, en un mot, une véri-
«
table ignominie, tant au point de vue moral qu'au point de vue
«
politique... On ne peut pas nier qu'il y ait complicité morale, sinon
«
effective, entre celui qui commet un crime et ceux qui viennent
«
lui apporter le témoignage de leur estime et de leur considération. »
(
Mechveret,
1
er
octobre
1900.)
Je crois que nous pouvons nous arrêter là.
Depuis treize ou quatorze ans, tels étaient les pensées, telle était
l'attitude de ces deux hommes, l'un voulant exterminer l'autre ; et
l'autre, infatigable, invectivant le premier dans les termes ci-dessus.
Fonds A.R.A.M