92
LA TURQU I E NOUVE L L E E T L ' ANC I EN RÉGIME
reprenait encore la plume pour protester contre les allégations fausses
de l'ambassade ottomane et i l terminait par ces nobles paroles, les
dernières sorties de son cœur :
«
D'ailleurs, il ne s'agit pas tant de moi que de la situation et de
l'avenir de mon pays.
«
Je n'ai de haine contre personne. Mais je veux le salut de l'Empire
ottoman, que le régime actuel compromet et risquerait de perdre, si
cela était possible. Le jour où le gouvernement de la Turquie garan–
tirait la sécurité des personnes et des propriétés, où i l comprendrait
qu'il est nécessaire de poursuivre l'évolution du progrès, réclamée par
tous les Ottomans, sans distinction de races et de religions, je retour–
nerais dans mon pays avec la plus grande joie. Sinon, non. »
Cet instant si impatiemment attendu, si ardemment souhaité par
Damad Mahmoud pacha, ce jour dont, sans défaillance et sans répit,
son fils aîné s'est efforcé, depuis neuf années, de préparer et de hâter
l'avènement, avec une abnégation si louable, un dévouement inlas–
sable, ce moment semble enfin venu ; trop tard, hélas ! pour que le
grand Apôtre de la Liberté ottomane pût en saluer l'aurore.
La Constitution est remise en vigueur. Les réformes s'accom–
plissent. Dans quelques jours, nous rendrons à la Turquie les restes
d'un de ses plus nobles enfants, de ses plus glorieux serviteurs.
Au nom d'amis français, je dépose, avec nos vœux pour l'avenir
de l'Empire Ottoman, cette
palme des héros et des martyrs
sur les
restes de S. A. Damad Mahmoud pacha , en son honneur et (sachant
que je répondrais pleinement à ses pensées, à ses désirs) en l'honneur
aussi de tous les héros et de tous les martyrs connus et inconnus qui
ont su se tenir debout, fermes, pendant la Tourmente, qui ont
souffert pour la Justice et qui auront été, comme lui, les Libérateurs
de leur Patrie.
(
Applaudissements unanimes.)
Fonds A.R.A.M