LA TURQUIE NOUVELLE ET L'ANCIEN RÉGIME
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L'héritier du trône est le troisième fils d'Abdul Medjid ; né
le 3 novembre 1844, il n'a que 22 mois et demi de moins que
son frère Abdul Hamid I I . Pendant sa jeunesse,
à
cet
âge où l'on ne sait guère dissimuler, i l était fort sympa–
thique à tous, d'une bonté touchante, très loyal, très
franc. J'ajouterai, parce que j'en suis sûr, très libéral ; fort
séduit par les institutions parlementaires anglaises; plein
d'estime et d'affection pour la France. C'est le type du brave
et honnête homme, dans toute l'acception du terme, et l a
.
Turquie aura en lui un monarque aimant sa patrie, dévoué
au peuple, soucieux de la justice, désireux de voir complé–
ter l'évolution de l'empire dans le sens du progrès véritable;
enfin un Constitutionnel sincère, car nul ne souhaita plus
que lui les événements qui viennent de s'accomplir.
Traité par l'ancien régime en véritable paria, en ennemi,
entouré d'espions
1
,
privé de ressources (il n'avait pas tou-
10
°
Zia Eddine,
né en 1876 (fils aîné du prince héritier Réchad
effendi) ;
11
°
Abdul Kàdir,
né le 28 février 1878 (quatrième enfant d'Abdul
Ham i d I I ) ;
12
°
Ahmed,
né le 14 mars 1878 (cinquième enfant du même sultan) ;
13
°
Nedjin Eddine,
né en 1881 (deuxième fils de Rechad effendi) ;
14
° Mohamed
Burhan Eddine,
né le 19 décembre 1885 (septième
enfant d'Abdul Ham i d I I ) ;
15
°
Abdoul Halim,
né en 1890 (fils du prince Suleyman, troisième
héritier) ;
16
°
Djemal Eddine,
né en 1891 (fils de feu Chevket, mort en 1899,
qui était le cinquième fils d'Abdul Aziz) ;
17
°
Abdour Bahime,
né en 1892 (dixième enfant
d'Abdul
Ham i d I I ) , e t c . .
1
L e
Sabah
de novembre 1908 demandait avec raison pourquoi i l
y avait encore deux
tufenkdjis
au palais de S . A . I . le prince héritier
et deux autres au palais du prince Salaheddine, fils du sultan Mourad,
aux appointements de 340 francs par mois, plus l a nourriture, pour
espionner les princes? — I l convient d'ajouter qu'une interpellation
eut lieu, à l a Chambre, sur le rôle mystérieux d'un de ces
Tufenkdjis,
dans l'appartement du prince héritier : on parla déjà d'un attentat.
(
Voir les journaux de Constantinople du 4 janvier dernier; à rappro–
cher de l a chute de K i am i l pacha, le 13 février suivant.)
Fonds A.R.A.M