LES TURCS ONT PASSE LA..
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en fer. A la vue de ce quartier détruit, dont le soleil
couchant souligne le tragique aspect, l'esprit s'égare,
le corps se crispe, la bouche se tait et le cœur
pleure !...
Il est 7 heures du soir. Les passants sont rares,
que l'on voit traverser les rues déjà désertes de ces
quartiers dévastés.
La tristesse et la désillusion marquent leur front,
A chaque pas on rencontre un soldat, baïonnette au
canon, chargé probablement de surveiller les ruines.
L'atmosphère est lourde. 11 semble que la nature
même soit en deuil. Rien de vivant ne paraît à mes
yeux, en dehors d'un journaliste anglais occupé à
photographier l'amoncellement des pierres et des
poutres.
Il règne autour de nous une solennité effrayante
que magnifie encore la nuit descendue.
Et la nuit avance.
Il est neuf heures.
Peu ou pas de passants dans les rues. Soudain, l'on
entend de l'une des extrémités de la ville sonner le
clairon. Et l'écho prolonge cette sonnerie jusque sur
les hauteurs neigeuses du Taurus tandis qu'une autre
retentit à l'autre bout de la ville sonnant le signal de
l'état de siège.
L'hôtel où je demeure constitue la frontière du
quartier en ruines. Quelques pas m'en séparent, que
j'ai vite fait de franchir.
Après le repas, nous nous installons avec le jour–
naliste anglais sur le seuil de la porte. La tranquillité
est complète. Il règne sur la ville un silence de mort,
sous un ciel sombre. Les rues sont à peine éclairées
par des lanternes vacillantes.
Fonds A.R.A.M