P R É F A C E
Mon Cher Brézol,
Vous voulez que je présente voire nouveau livre au public ?
Il me semble que, quoiqu'un bien jeune écrivain encore,
vous n'avez nullement besoin du patronage d'un « ancien ».
Mais il m'est très agréable, puisqu'il s'agit, ici, d'un
ouvrage documentaire, de me rappeler avec quel esprit de
méthode, d'exactitude, vous m'avez, depuis quelques années,
aidé à renseigner les lecteurs de
i'Actualité
sur ce qui se
passait un peu partout à travers le monde.
Vous aviez été, jusqu'alors, un grand voyageur, puisque
né dans ces pittoresques Ardennes, vous aviez fait votre
éducation autant sur le sol africain qu'à Paris : et, alors
que laplupart des jeunes gens de votre âge commençaient à
peine de s'ébattre dans la vie, vous couriez les confins du
désert, vous finissiez même par vous y aventurer à tel point
que peu de Français connaissent comme vous l'âme et la
langue musulmanes.
Mais
il était écrit
que la destinée vous ramènerait sur
le vaste champ de bataille parisien, où vous faisiez vos pre–
mières escarmouches littéraires ; quand le simple hasard
vous amena à moi : et si vous voulez, c'est peut-être exact
que j'ai été un peu votre professeur de parisianisme : entre
nous, le véritable professeur fut la vie, le travail que vous
chérissiez et un goût perpétuel, intense, pour
pénétrer
partout.
Mais vous aviez conservé une tendresse particulière pour
tout ce qui vient de l'Islam : et quand les Jeunes-Turcs,
nous firent visite, vous étiez prédestiné à les recevoir. Vous
avez eu, alors, la gentillesse de m'amener au milieu d'eux :
et ce fut une de mes plus profondes stupéfactions, à moi
Fonds A.R.A.M