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LES TURCS ONT PASSÉ LA.
les pauvres habitants de Tchok Marzevan, tandis
qu'on apprenait d'autre part que le Mutessarif
Mehmed Assaf Bey distribuait à la populace les fusils
Martiny et des cartouches du dépôt d'Argheni ; fait
qui a été confirmé par son aveu personnel.
Je n'en ai distribué que 150,
tandis que après avoir
épuisé les 1.200 Martiny et toutes les cartouches, i l
est avéré qu'il fit venir d'Alexandrette sous sa signa–
ture, 20 caisses de cartouches.
Pour cacher son jeu i l télégraphie à Adana et à la
Sublime-Porte que Tchok Marzevan s'est insurgé,
qu'il a pris possession des villages environnants et
qu'il a assiégé Argheni (Erzine).
Il délivre tous les prisonniers d'Argheni, i l leur
donne des armes, à la condition expresse de prendre
la ville de Deurt Yol, et par contre i l fait mourir tous
les prisonniers arméniens. I l envoie les mêmes ordres
à la forteresse de Payas pour qu'on laisse libres les
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à 600 galériens islams, en leur fournissant des
fusils (1). Un officier turc égorge les prisonniers
arméniens en fredonnant :
Adalet, Moussavat, Oukhouvet.
Justice
Egalité
Fraternité.
Cet officier entre au village et se promène en se van–
tant de ses exploits.
Le mutessarif avait fait lier ensemble 42 arméniens
et un prêtre qui s'étaient réfugiés dans le village de
Touroundfli et les fait fusiller.
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fallait voir le spec–
tacle déchirant, émouvant, quand à chaque coup de
balle les victimes rendaient l'âme en se serrant et
en s'embrassant. Ces arméniens avaient nourri pen-
(1)
Voir la confirmation de ces faits, au Rapport de la Commis–
sion d'enquête d'Adana
Fonds A.R.A.M