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L E S T U R C S ONT P A S S E L A .
Caïmacam
accompagné de plusieurs fonctionnaires
se rend à l'Église, auprès de FÉvêque nouvellement
élu, et y invite les notables de la nation, pour leur
donner des assurances
qu'il
n'y
a rien à craindre,
qu'ils peuvent en toute sécurité, ouvrir leurs bouti–
ques, et vaquer à leurs affaires.
Mais aussitôt que
le Caïmacam quitte l'Eglise, les turcs qui s'étaient
réunis dehors, enfoncent immédiatement la porte de
l'Église, s'y introduisent, et commencent à massa–
crer d'abord, FÉvêque Arsène, son fils, le vieux
moine Daniel, tous les notables de la nation qui
s'y trouvaient, en dévastant et pillant complètement
l'Église. Pour manifester davantage leur haine,
ils traînent, et promènent les cadavres des prêtres,
et de quelques-uns des notables tués dans les rues
du marché, les brûlent, et envahissent ensuite toutes
les maisons, et les boutiques habitées par les armé–
niens. Le courage me manque pour décrire les
horreurs de cet incident; ce que je puis vous
affirmer c'est qu'il ne reste aucune trace d'élément
arménien à Antioche. Les deux Églises arméniennes,
et protestantes et deux Hans sont entièrement dévas–
tées et en ruines. On rencontre jusqu'aujourd'hui,
des cadavres sur les montagnes, au bord de la rivière
Assé, i l est impossible de décrire l'état des veuves et
des enfants qui versent des torrents de larmes.
Quinze jours après l'événement d'Adana, une
bande composée de turcs et de fellahs, de kurdes et
de circassiens, environ 15,000 hommes marchent
sur
Kessab,
nous n'avons pas encore des renseigne–
ments exacts sur cette agression. D'après certaines
versions, la population s'est embarquée à bord des
bateaux anglais qui s'y trouvaient et s'est sauvée à
Fonds A.R.A.M