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L E S T U R C S ONT P A S S E L A . . .
Elle a fait traîner le restant des arméniens attachés
par des cordes, jusqu'au bord d'un précipice sur les
rives du fleuve et tirant de son fourreau la lame d'un
coutelas, elle a poignardé de ses mains des centaines
de personnes qui ne pouvaientbouger, qui tremblaient
devant elle en la suppliant de les épargner; elle était
sourde aux prières, elle leur plantait son poignard à
tour de rôle en sentant un immense plaisir à la vue
du sang qui jaillissait et faisait précipiter les tas de
cadavres dans les eaux de Sihoune qui les charriait
jusqu'à la mer. Horreur !
Elle a été arrêtée bien après les événements, comme
une grande criminelle ; elle a été incarcérée à la pri–
son centrale d'Adana pour être jugée. — L'ignoble
créature criait de la fenêtre de sa cellule :
Si je suis
libérée et queje me trouve un jour hors de ces murs,
je promets d'immoler encore un millier de guia–
vours, par mes mains sacrées.
Siné Hanem a été condamnée à mort. D'aucuns
disent qu'elle a été pendue la figure voilée pour ne
pas être reconnue, et d'autres prétendent qu'elle a
été laissée libre, comme une descendante d'Eve,
suivant la loi du
Chèriat.
Nous ignorons laquelle
des deux versions est la vraie.
Fonds A.R.A.M