L E S TURCS ONT PASSE L A .
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population de un millier d'âmes dont moitié turque
et moitié arménienne. Le notable islam du village se
nomme Abdal-Khallo , renommé par ses méfaits,
brigandages et meurtres ; toute sa richesse est ac–
quise par des concussions et des rapines.
Sine 11a-
noum
est
Sa
fille mariée. Elle est âgée, fanatique à ou–
trance et très arménophobe.
A peine la nouvelle des massacres de la ville d'A-
dana avait-elle retenti dans Ghayirli, qu'immédia–
tement les Turcs ont assiégé par groupes les habita–
tions des arméniens et ces pauvres gens surpris ont
été forcés de se livrer à la populace sanguinaire sans
pouvoir même essayer une légitime défense ; ils
étaient attrapés comme des lapins dans leurs pièges.
A ce moment là, Siné Hanem se jette à la
tête de la bande et retroussant ses manches elle
ordonne qu'on allume tous les fours à pains du
village.
Cet ordre a été exécuté immédiatement ; une partie
de ces pauvres arméniens y furent jetés par force,
malgré leurs protestations d'innocence, leurs sup–
plications et lamentations ; elle restait inexorable et
brandissant les bras vers la populace turque elle vo–
ciférait ainsi:
0
musulmans, venez vous chauffer au
feu des guiavours, voici le feu, c'est la fin des guia-
vours.
Elle riait aux pleurs et cris de ces malheu–
reux.
Après s'être rassasiée du spectacle horrible des
fours chauffés jusqu'à incandescence, elle a voulu
aussi assouvir son désir monstrueux d'immoler de
ses mains des quantités d'innocents. Elle a d'abord
choisi un lot de belles filles arméniennes pour faire
un cadeau royal à son fils.
Fonds A.R.A.M