L E S TURCS ONT PASSE L A .
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d'une héroïne arménienne ; elle eut le courage su–
prême de nouer ensemble les mèches de cheveux de
ses huit fillettes, pour qu'elles ne puissent pas se
saxver pendant l'incendie de la maisonnette et courir
le risque de tomber entre les mains des sanguinaires
et subir des avanies bestiales. Elle a préféré les voir
moirir ensemble à côté d'elle-même.
ÎNous n'avons pas pu écouter la suite des histoires
lamentables, tant nous étions émotionnés.
(
Signé) :
THÉOTIK.
N. E. — Des cas pareils de courage fou sont
signalés un peu partout. Des mères malheureuses
ont tué leurs enfants pour qu'ils ne soient pas immo–
lés par des mains turques ou kurdes.
—
Monsieur Sourène Bartévian dans son livre
intitulé «
Les Terreurs de Cilicie
»
imprimé
à
Cons-
tantinople en langue arménienne, raconte plusieurs
cas qui donnent à réfléchir. Entre autres, voici la
traduction d'un passage de son chapitre «
Les Res–
capés
»,
page 157 de son ouvrage.
«
La nuit, nous étions assis dans l'obscurité à la
«
porte du Séminaire, en compagnie de l'Abbé Ars-
«
lanian. Une dizaine de femmes malheureuses
«
étaient assises sur une natte devant nous. L'abbé
«
leur adressait la parole pour les consoler et leur
«
relever le moral. Tout-à-coup i l se tourne vers
«
moi et me chuchotte à l'oreille.
— «
Ces femmes pendant leur exode ont jeté leurs
bébés dans le fleuve Dihoune ».
Je frémis de tout mon corps.
«
Comment cela se peut-il, mon père, c'est in–
croyable?
Fonds A.R.A.M