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L E S TURCS ONT PASSÉ L A .
guiavour
s'y était réfugié, avaient enlevé les pierres
dans l'intention d'y pénétrer et de dévaliser le cada–
vre de cet infidèle ; mais craignant les ténèbres ils
s'étaient éloignés. I l y avait déjà troisjours que j'étais
dans ma cachette souterraine et je n'en pouvais plus,
il fallait affronter le jour et même risquer sa peau.
Quand je suis sorti de la caverne les massacres
avaient pris fin depuis longtemps, i l ne restait plus
d'arméniens. C'est ainsi que cet homme demeure
vivant au milieu de tant de morts, ses compatriotes.
Tristes souvenirs !
Il continuait ainsi l'histoire douloureuse de Missis ;
80
maisons ont été incendiées, l'Eglise et l'Ecole
détruites, plus de 35 arméniens ont été immolés
comme des moutons, car i l n'existait pas un seul
édiiice appartenant à une nationalité étrangère où
l'on put se réfugier. De tous côtés, des champs et
l'espace vide autour de la ville, et comme habitants
rien que des Islams !
Il nous indiquait des démolitions et des ruines. Ici
se trouvait la demeure de Terzian, disait-il, en mon–
trant un amas de ruines près du marché ; 200 armé–
niens y réfugiés ont paraît-il fait une légitime
défense jusqu'au bout, mais ils ont été réduits en
cendres par les flammes du feu que la horde y a
mis. Là-bas, disait-il en signalant une construction
d'un seul étage tout près des rives de Djihoune,
50 60
arméniens dépourvus d'armes, ont été im–
molés sans défense, au milieu de tortures inouïes.
Le sol et les murs sont baignés du sang des inno–
cents.
Il continue ainsi de nous narrer les innombrables
supplices subis par ceux-ci. I l nous raconte l'odyssée
Fonds A.R.A.M