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LES T U R C S ONT PASSÉ LA...
nous remarquons par nos croisées que ce sont les
maisons des vignobles qui flambent avec des craque–
ments sinistres.
Le septième jour, l'ennemi est à Saint-Serge
(
Saint-Sarkis) où se trouve notre vignoble. C'est là
qu'il campe mais, par bonheur il ne l'a pas totalement
dévasté, notre campagne est devenue cependant inha–
bitable.
La même nuit les conduites d'eau de la ville ont été
coupées et au moment où l'on essayait de détruire la
canalisation du côté resté indemne, nos vaillants
défenseurs ayant aperçu des ombres remuer dans
l'obscurité, ont tiré dessus et sont parvenus à les
mettre en déroute.
Les habitations ne valaient plus rien, les vitres
étaient trouées et cassées, nous sommes descendues
dans les sous-sols, nous étions quatre sœurs dans le
même lit et protégées par une seule couverture et nous
pleurions chaudement. Notre maisonnette et notre
église étaient bondées, on n'entendait que des pleurs
de toutes parts. On lance des dépêches pour demander
du secours, mais comme réponse i l n'y a que des
mensonges.
Aujourd'hui des soldats vont arriver,
demain les secours arriveront, etc. etc.
Enfin on a
eu recours aux consuls de France et d'Angleterre,
leurs réponses sont plus consolantes ; malheureuse–
ment i l y a 4 jours à marcher pour arriver jusqu'à
nous. Nos ennemis sont forts et leur nombre augmente
de jour en jour, des
bachi-bozouks
qui prennent des
cartouches à la garnison nous visent continuellement.
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est minuit, soudain on frappe violemment à la
porte de la cour, nous la faisons ouvrir, c'est un
veilleur de nuit qui nous crie tout essoufflé. « Eh !
Fonds A.R.A.M