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L E S TURCS ONT PASSÉ L A . . .
immédiatement de ce côté là. Quelques musulmans
ont été blessés, i l y a eu des tués, les chrétiens n'ont
rien eu. (Il est indiscutable que le premier coup a été
tiré par un turc). Les boutiques furent fermées de
suite, les musulmans qui n'occupent qu'une soixan–
taine de maisons, conscients de leur infériorité sur les
chrétiens, et persuadés qu'ils ne pourront les massa–
crer comme ils le désiraient, se sont enfuis vers les
villages musulmans avoisinants, où les villageois
s'étaient déjà préparés pour organiser un massacre.
Quant à nous, nous avons immédiatement remis nos
élèves à leurs parents.
Les citoyens chrétiens, voyant ce qui les menaçait
se sont lancés le lendemain vers les montagnes envi–
ronnantes pour résister, en cas d'attaque aux musul–
mans. Us nous ont surveillés pendant quatre jours.
Le cinquième les sauvages ivres de sang ont cerné les
monts et la bataille a commencé.
Les assaillants comprenaient plus de 12.000 indi–
vidus ; dans leurs rangs se trouvaient des canailles de
la pire espèce. Jusqu'au soir nous étions abasourdies
par le crépitement des armes, notre sang figeait. Les
appels de nos guerriers improvisés « au secours, au
secours ! » nous glaçaient d'épouvante : comment
pouvait-on résister avec de vieilles armes et si peu
d'hommes, contre 12.000 canailles bien armées ?
Aller aux appels déchirants des nôtres, c'était s'expo–
ser gratuitement aux balles de l'ennemi.
Les nôtres vaincus commencent à reculer, déjà
ensanglantés ; d'autres tombent morts baignant dans
leur sang, et sont enterrés dans les antres des
montagnes. I l ne reste plus d'espoir de donner la
chasse à l'ennemi.
Fonds A.R.A.M