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            L E S TURCS ONT PASSÉ L A . .
          
        
        
          
            par leur arrogance vis-à-vis de l'Islam, au–
          
        
        
          
            raient déchaîné la haine et la vengeance? L'Ar–
          
        
        
          
            ménie aurait donc tissé son linceul, aiguisé
          
        
        
          
            l'arme qui devait faucher les siens ?
          
        
        
          
            C'est inadmissible, puisque ses habitants
          
        
        
          
            n'avaient aucun moyen de défense. Cela ne
          
        
        
          
            tendrait-il pas à prouver, au contraire, qu'ils
          
        
        
          
            ont été pris au dépourvu ?
          
        
        
          
            D'ailleurs, les chiffres — qu'on ne peut mal–
          
        
        
          
            heureusement définir d'une façon exacte —
          
        
        
          
            sont d'une éloquence qui vous fait frissonner.
          
        
        
          
            Trente mille personnes égorgées, trois cents
          
        
        
          
            fermes incendiées, plus de dix mille têtes de
          
        
        
          
            bétail volées, des pertes matérielles dépassant
          
        
        
          
            vingt millions de liv. tq. (environ 500 millions
          
        
        
          
            de francs), tel est le bilan approximatif du
          
        
        
          
            massacre des Arméniens dans la province
          
        
        
          
            d'Adana.
          
        
        
          
            Bien entendu, les Turcs protestèrent contre
          
        
        
          
            ces chiffres et tournèrent en dérision les affir–
          
        
        
          
            mations de maître Zohrab, député arménien de
          
        
        
          
            Constantinople, à la Chambre ottomane, qui
          
        
        
          
            apportait à la tribune des preuves accablantes.
          
        
        
          
            «
          
        
        
          
            Messieurs, s'écria-t-il, je connais les façons
          
        
        
          
            employées par le gouvernement pour déformer
          
        
        
          
            la vérité. A l'époque des massacres arméniens
          
        
        
          
            de 1895, en ma qualité d'avocat de plusieurs
          
        
        
          
            inculpés arméniens, j'ai appris que le malheu–
          
        
        
          
            reux arménien qui se réfugiait derrière un pan
          
        
        
          
            de mur, alors qu'il était attaqué par des gens
          
        
        
          Fonds A.R.A.M