L E S TURCS « N T PASSÉ L A .
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Le rapport de la Délégation gouvernemen–
tale envoyée à Adana montra qu'en plus des
différentes causes d'animosité entre chrétiens
et musulmans, il y avait eu l'incapacité et le
manque d'énergie des valis et des autres auto–
rités locales.
Pour conclure, le rapport de la Cour Mar–
tiale disait que quinze coupables avaient déjà
été pendus, que huit cents méritaient la mort,
quinze mille les travaux forcés, quatre-vingt
mille des peines moindres. « Si l'on veut
châtier les coupables, il faudra établir, dit-il,
un cordon militaire autour de la ville et opérer
avec rapidité. Mais pour obtenir une réconci–
liation générale, il vaudrait mieux déclarer
une amnistie plénière à l'occasion de la fête
nationale. »
Cette déclaration n'était-elle pas une preuve
accablante de l'obstination du gouvernement
jeune turc à fermer les yeux — comme son
prédécesseur — sur les agissements des Turcs
proprement dits en leur faisant une place à
part dans la grande nation ottomane.
Les personnalités gouvernementales pous–
sèrent le parti-pris jusqu'à faire endosser aux
Arméniens eux-mêmes, les responsabilités des
massacres dont ils avaient été les victimes.
On les accusait d'avoir voulu préparer une
intervention européenne, grâce à des comités
révolutionnaires. Et ce sont les Arméniens qui,
Fonds A.R.A.M