L E S T U R C S ONT PASSÉ L A . . .
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tailladés par le yatagan. Les cimetières eux-
mêmes n'étaient pas respectés, les meurtriers
massacraient les infortunés qui s'y étaient
réfugiés.
Les faubourgs arméniens essayèrent en vain
de se défendre, ils furent bientôt réduits à
l'impuissance et obligés de se laisser détruire
sans défense. Les Turcs s'étaient emparés de
tous les bidons de pétrole trouvés dans les dé–
pôts arméniens et, après les avoir défoncés,
ils en aspergeaient les maisons puis y met–
taient .le feu. Bientôt, la flamme léchait les
murs, menaçante, et c'était, dans la demeure
incendiée, une panique effroyable : hommes,
femmes, enfants pleuraient, suppliaient, im–
ploraient, terrifiés par l'atroce perspective
d'être brûlés vifs. Les uns fuyaient l'incendie,
mais ils n'avaient pas franchi la porte, qu'ils
tombaient sous le fusil ou sous le yatagan. D'au–
tres se précipitaient par les fenêtres ; s'ils ne se
tuaient pas du coup, les meurtriers les ache–
vaient à coups de baïonnette.
Ou bien ils se voyaient arrosés de pétrole et,
torches vivantes, les vêtements en feu, le»
chairs grillées, atrocement brûlés et asphyxiés
par leur propre fumée, ils allaient s'abattre
sur d'autras cadavres, dans une épouvantable
agonie de flammes.
Tandis que le feu dévorait les habitations
avec des craquements sinistres, les rues étroi-
Fonds A.R.A.M