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L E S TURCS ONT PASSÉ L A .
âmes, dont 45 à 50.000 Arméniens, noyés dans
une masse de 300.000 musulmans. Ceux-ci
avaient donc la force pour eux, d'autant plus
que, depuis quelque temps, sans cause appa–
rente, les Turcs faisaient ample provision de
munitions de toutes sortes. En quatre ou cinq
mois, on débita, sur le marché d'Adana, pour
plus de 30,000 liv. tq. (environ 700,000 francs)
d'armes de tous calibres : revolvers, pistolets,
fusils ou carabines de fabrication allemande,
autrichienne et belge.
Dès que le signal du carnage fut donné, des
bandes de
bachi-bouzoucks
descendirent des
villages du vilayet sur la ville. Ils allaient à
cheval, le revolver au poing, le fusil en ban–
doulière, le yatagan au côté et, sur leur pas–
sage, ces pillards fanatiques, sanguinaires et
infatigables semaient le désastre et la mort.
La fusillade ne s'arrêtait, au coucher du soleil,
que pour recommencer de plus belle à l'au–
rore.
Les hordes armées qui parcouraient le pays
dans tous les sens avaient organisé la plus
épouvantable chasse à l'homme qui se soit
jamais pratiquée. Ils avançaient, menaçants,
agitant leurs matraques, fouillaient les champs.
Malheur à ceux qui s'étaient couchés dans les
blés déjà hauts pour échapper aux regards des
assassins! I l n'y avait pas de pitié pour eux, ils
étaient abattus, un à un, à coups de massue,
Fonds A.R.A.M