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vite d'un état de choses, dont la prolongation
entraînerait, selon toute vraisemblance,
Y anéan–
tissement
des populations
chrétiennes
de vastes
districts. »
A cette dernière note le tyran de Yeldiz-
Keuchk répondit par un redoublement de per–
sécutions contre les Arméniens. I l était sûr de
l'impunité, parce qu ' i l était sûr de l'inaction de
l'Europe qu i ne pourrait point passer de la pa–
role à l'acte. Elle avait trop peur de voir s'ou–
v r i r à nouveau la Question d'Orient, ce qu i la
poussait à se cramponner, sans grande f o i , au
dogme de l'intégrité territoriale de l'Empire
ottoman.
L'Europe civilisée et chrétienne trahissait la
cause arménienne.
I l ne restait aux Arméniens qu'une seule voie,
une seule espérance pour faire triompher leur?
légitimes revendications ; celle qu'avaient tracée
tous les peuples opprimés, et particulièrement
les populations chrétiennes de la Turquie d'Eu–
rope, pour obtenir leur libération ; celle que la
Constitution française de
1793
proclamait
comme le droit le plus sacré ; celle, enfin, que
leur montrait le « petit père » Kh r i m i a n , retour
de Berlin, —
la Révolution
!
(1)
(1)
Dans u n sermon où i l rendait compte de sa mis–
sion, le futur Catholicos faisant allusion aux révolutions
grecque, serbe, bulgare, qu i avaient abouti à la libéra–
tion de ces peuples, prononçait cet appel à la Révolution :
Fonds A.R.A.M