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n 6 —
n'existe point :
là on
n'a aucune
idée
de
l'opi–
nion
publique.
Les j ournaux turcs n'atteignent
pas les masses musulmanes pour la raison bien
simple que
90
%
des gens ne savent n i lire n i
écrire. I l ne faut donc pas s'étonner si l'esprit
des Turcs n'est pas formé aux questions p o l i t i –
ques et sociales. Une chose l u i est familière : le
massacre des chrétiens, lorsque celui-ci est dé–
crété par ordre supérieur. I l sait par une longue
habitude que cela entre dans le système de
l'administration musulmane.
Le seul élément intéressant est sûrement l'élé–
ment laborieux de l'Anatolie, mais qu i ne
compte pas dans la vie publique. La force m u –
sulmane réelle est constituée par « la populace
turque des grandes villes, en comparaison de
laquelle celle de Rome impériale était une assem–
blée de sages et de héros »
( 1 ) .
Donc, dans n u l pays le gouvernement central
n'est obéi comme en Turquie. Cette population
moutonnière mérite bien le gouvernement
qu'elle supporte. Elle se solidarise d'avance avec
tous ses actes, sans les discuter.
Cette précision faite, examinons maintenant la
thèse turque qu i charge toutes les responsabilités
—-
si responsabilités existent, s'entend — sur le
(1)
Karl Marx,
Question d'Orient,
recueil d'articles écrits
en i853, mais la parole citée reste une vérité encore de nos
jours.
Fonds A.R.A.M