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les survivants de la forteresse, une grande
partie furent jetés dans la rivière Kaïl. Le s
femmes appartenant à des familles riches
étaient séparées des autres et après nous
avoir rassemblées dans le jardin public,
les Turcs nous forçaient, sous menace de
mort, à dévoiler les cachettes de nos trésors.
Ils nous traînaient dans nos maisons où
ils prenaient ce que nous avions de précieux.
Nous envisagions déjà l'exode vers une
mort certaine après avoir subi toutes les tor–
tures de la route, dénuées de tout, affamées.
Nouvel ordre : les jeunes et belles filles
furent triées de nouveau pour être envoyées
dans les harems.
J ' a i pu, grâce à un gendarme qui restait
dans notre maison et que j'avais gagné
en lui donnant des bijoux et une forte somme,
passer à Kirassonde avec mon bébé, ma
belle-mère et quelques proches parentes.
Là une famille grecque nous abrita chez
elle, où nous passâmes jusqu'à l'armistice
notre triste vie pleine de tant de cauchemars.
Fonds A.R.A.M