je menais paître les deux chameaux. Dans
mes promenades je rencontrais de petits
camarades. Nous étions à peine vêtus. U n
jour, rencontrant une caravane q u i se d i r i –
geait vers Alep, je me joignis à elle. A Alep,
j ' e n t r a i à l'école d u Père Aharon. Dans la
journée je vendais des oranges et le soir
je remettais mon gain à l'économe.
A quelque temps de là, nous fûmes trans–
portés tous, orphelins au nombre de cinq
cents, à Balikesser. Nous étions enfermés
dans une école turque q u i se t r o uv a i t dans
l'enceinte de l'église arménienne. On ne nous
laissait jamais sortir du bâtiment ; et la
p l up a r t d'entre nous avaient la gale. On
nous prévint que nous serions islamisés,
on m'appela No u r i .
Ne voulant pas devenir musulman, avec
quatre de mes camarades nous nous mîmes
en fuite escaladant un mur . Après quelques
heures de marche en dehors de la ville,
nous rencontrâmes des paysans qu i nous
indiquèrent une mine de boracite où des
ouvriers arméniens travaillaient. Nous nous
Fonds A.R.A.M