P O U R
L ' A R M É N I E
rèrent maîtres du terrain. Interdiction de piller et, sous
peine de mort, défense de violenter les femmes et les
enfants : i l n'y avait eu que très peu de femmes et d'en–
fants tués, pendant le combat même. C'est autour des
deux tentes blanches de Scharéo que la lutte fut le plus
vive : un major turc et des notables turcs s'y trouvaient
en visite ; ils furent tués, ainsi que Scharéo, de qui les
vainqueurs emportèrent l'épée et les décorations. Les
Arméniens avaient perdu quatre hommes; les Kurdes
laissaient plusieurs centaines de morts.
Le lendemain, à l'aube, un millier de Kurdes et une
compagnie de troupes régulières tentèrent de cerner
la bande arménienne : la cavalerie protégea la retraite,,
et, dans cette nouvelle lutte, les Arméniens firent encore
éprouver de nombreuses pertes à leurs ennemis ; puis
la nuit venue, conduits par de bons guides, ils se dis–
persèrent dans les montagnes.
M. Fischer loue hautement le sang-froid et le courage
des Arméniens : « I l y a aussi, écrit-il, des Arméniens
qui sont braves » ; et comme le vice-consul turc de la
province persane voisine avait répandu le bruit que les
fédaïs
avaient fait subir aux femmes et aux enfants
d'atroces cruautés, i l ajoute que les Kurdes ont dû
eux-mêmes mutiler leurs morts pour rejeter ensuite
l'accusation sur les Arméniens, et i l conclut ainsi,
témoin européen de l'événement : « Je déclare ici for–
mellement que ces allégations sont inexactes. »
Fonds A.R.A.M