P O U R
L ' A R M É N I E
arméniens ont contre eux non seulement la police et
l'armée russe, mais aussi les brigands et les aghas
kurdes, qui sont eux tolérés et protégés dans leurs
incursions contre les villages de Transcaucasie parce
qu'ils rendent au despotisme du tsar, comme au despo–
tisme . de Hamid, l'inestimable service d'opprimer
l'élément arménien, de surveiller ses « menées » et de
les dénoncer à la police.
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Les fusils saisis entre les mains des fédaïs portent
en effet la marque des usines russes ; mais il ne s'ensuit
pas qu'ils aient été livrés aux révolutionnaires par le
gouvernement.
Voici la vérité. Dans les manufactures d'armes de
l'État on prépare d'abord
à
la machine les diverses
parties du fusil; celles-ci, non finies, sont soumises
à
l'examen des experts spécialistes, qui retiennent les
mieux fabriquées, avec lesquelles on construit ensuite
les fusils de l'armée. Les autres pièces sont éliminées
et marquées de l'estampille B
(
Brakovanni, éliminé) ;
elles sont employées ou vendues comme ferraille.
Ce sont ces pièces de rebut que les révolutionnaires
se procurent à grand prix, auprès de certains employés
des usines qui les vendent à leur profit, sans qu'il reste
trace de l'opération dans les comptes.
Des ouvriers arméniens réexaminent les pièces, les
achèvent et les assemblent. II est facile de constater
que les fusils des fédaïs portent tous la marque B ; ceux
des soldats russes ne la portent jamais : ils sont
estampillés ou de la marque de l'État ou de la marque
U. T. Z. (usines impériales de Toula).
Quant aux numéros que portent les fusils de la fédé-
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