Pierre Quillard
les forgerons, se recrutent en grande partie parmi les
Arméniens. I l en est de même à Smyrne : si dans le
haut commerce, la banque et le barreau i l s'y trouve
beaucoup d'Arméniens très riches, les terrassiers, por–
tefaix, tailleurs, bouchers, etc., sont aussi des Arméniens.
Encore ces Arméniens des villes littorales ne peuvent-
ils pas être tenus comme les véritables et les plus nom–
breux représentants de la race : c'est sur les gens des
provinces et de l'intérieur qu'il la faut peser pour la
juger justement. Elle est différente de l'espèce urbaine.
Les Arméniens de l'intérieur sont surtout un peuple
agricole : vignerons à Van, à Ardjèche, à Angora, à
Brousse, à Segherd; grands éleveurs d'abeilles à Van
et à Angora; partout laboureurs et bergers. Dans le
vilayet de Sivas, ils pratiquent même l'agriculture selon
la technique moderne, à Haflk et à Kotchéri, et se
servent de machines des meilleurs modèles. En Egypte,
Boghoss pacha, fils de Nubar pacha, dirige d'immenses
exploitations rurales; i l a inventé des machines fort
ingénieusement disposées.
C'est eux qui ont inauguré et sauvé à Brousse l'indus–
trie séricicole : dès
1849,
Bilezikdji, de Constantinople,
y établissait des magnaneries et les années suivantes
son exemple était imité par Ovaghim agha et par
Papazian; les premiers, ils surent employer les méthodes
pastoriennes et combattre la maladie des vers à soie.
Ils sont armuriers, couteliers et orfèvres, surtout à
Erzindjian, à Baïbourt, à Van, à Diarbékir,
à
Sivas, à
Angora, presque partout tisserands, forgerons, chau–
dronniers. Ils seraient, semble-t-il, les plus aptes
à
l'in–
dustrie, si l'industrie se développait en Turquie : les
tanneries et teintureries d'Erzindjian leur appartiennent
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