Pierre Qnillard
Savez-vous ce qu'ils répondent ? Ils répondent que ça
les déshonorerait. »
Les Sassouniotes, comme les Monténégrins, refusent
jusqu'ici de se livrer à la merci de leurs ennemis. Aussi
plusieurs villages ont été attaqués et dévastés, au cours
de ces dernières années.
En mai
189
g,
les Kurdes conduits par Khalil Beshir
attaquèrent le village de Hitenk, pillèrent et détruisi–
rent la plupart des maisons, mutilèrent et jetèrent à
l'eau cinq des notables et dispersèrent les habitants.
Après quoi, ils firent une tentative contre Spaghank et
furent repoussés avec perte. Ils en gardèrent rancune
et, en juillet igoo, ayec l'aide des troupes régulières,
tirèrent une éclatante vengeance de leur échec.
De concert avec Kior Silo de Khian, Khalil dénonça
Spaghank comme « un nid de révolutionnaires ». Aussi–
tôt le commandant militaire de Bitlis, Ali pacha, fit
des préparatifs secrets et se mit en marche pour le Sas–
soun avec quelques bataillons ; sur le chemin Khalil
avait soulevé les tribus kurdes de Balak, Mogdan et
Kharzan qui se joignirent aux mille hommes de troupes.
De son côté Kior Silo avec cinq cents Kurdes occupait
le pays entre Talori et Guellieh Guzan et coupait toutes
les lignes de communication de Spaghank. Une fois le
village cerné de toutes parts, le 3 juillet, à l'aurore, les
trompettes sonnèrent et l'assaut fut donné. Les habi–
tants furent surpris dans leur premier sommeil. Écou–
tez le récit d'un témoin oculaire :
On tue avec l a balle, l'épée et l a baïonnette tous ceux
qu'on trouve dans les cabanes et dans les rues ; les femmes
avec leurs enfants courent a u devant des soldats, croyant
qu'ils épargneront les enfants et lés femmes, mais elles se
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Fonds A.R.A.M