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POESIE
ARMENIENNE
L'amour est si grand dans mon cœur
que malgré ma tige si fine
je peux vivre dans les épines
et résister au vent voleur.
Je m'ouvre à toi, flamme brillante ;
hâte-toi donc de me saisir
car si l'on venait me saisir,
tu perdrais la plus tendre amante.
Que ma beauté ne te surprenne,
sans amour, il n'est pas d'été,
ni de clarté ni de fontaine,
l'amour me donne ma beauté.
Que mon parfum ne te surprenne.
Par lui viennent joie et désir
et quand j'apparais, souveraine,
renaissent danses et plaisirs.
Je calme le cœur désolé,
je soulage le cœur troublé
et l'on me répand dans les fêtes
pour s'enivrer de joie complète.
Je suis remède et je suis baume
et quand on me cuit dans le feu,
je deviens un sirop précieux
pour soulager les maux de l'homme.
On exprime l'eau de mon cœur,
on me verse dans les flacons,
j'apaise toute pâmoison,
je suis une éternelle odeur.
Qui regarde mon cœur doré
comprend tout ce que je dirai.
(
Pierre
Gamarra.)
Fonds A.R.A.M