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POESIE
ARMENIENNE
L'un s'habille de soie et de pourpre,
à l'autre manque même une chemise ;
l'un réussit en agissant mal,
l'autre échoue en faisant le bien.
Que l'un, aux dépens des pauvres, s'enrichisse,
et l'autre s'appauvrit, perdant même ce qu'il a ;
que l'un soit surprenant de force,
l'autre, pusillanime et faible.
Tu fais des princes qui régnent sur les autres
comme sur des moutons, les loups.
Comme sur les lièvres, les fauves,
ou sur les troupeaux entiers, les lions puissants.
Est-ce bien cela que tu as voulu ?
Tu as voulu qu'il y ait petits et grands ?
Que les fortunés partout se pavanent ?
Et que les infortunés aient le cœur déchiré ?
Dis, où se trouve la fortune ?
Et où la trouve-t-on, la chance?
Voici des ans que j'erre après elle,
avec l'espoir de la recueillir.
(
Jean-Pierre
Faye.)
Fonds A.R.A.M