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POESIE
ARMENIENNE
L'attestant de nouveau je le confirme moi aussi.
Ainsi je trouve juste d'être, seul, efacé à tout jamais,
Plutôt que d'autres hommes aient châtiment de mes paroles.
Devant cette attitude, peut-être m'accorderas-Tu Ton pardon,
A moi qui pardonne à mes débiteurs ?
«
Les dommages m'ont atteint
Et moi je n'ai pu les connaître », comme dit le Psalmiste ;
Et comme il sembla justifié, à un philosophe de l'extérieur,
De dire qu'il y a malemort quand on ne sait pourquoi l'on meurt,
Je le confirme aussi de par mon propre dire.
Semblables aux troupeaux d'animaux inconscients
Nous mourons sans en connaître l'épouvante ;
Nous nous perdons sans en avoir étonnement ;
Nous sommes enterrés et ne nous courbons pas ;
Nous sommes exilés sans en avoir l'angoise ;
Nous sommes ravagés et n'en avons regrets ;
Nous subissons usure et n'en avons idée ;
Nous sommes démunis sans être préparés ;
Nous marchons et ne prenons pas de précautions ;
Nous sommes captifs et nous y restons insensibles.
Quant aux paroles du bienheureux Job,
Qui disent que la mort de l'homme est un repos,
Je veux, quant à moi, le confesser avec le Saint.
Si seulement je n'avais pris sur moi le lourd fardeau des œuvres
mortelles !
Quand le piège est caché et que son mécanisme se dérobe.
L'élément du temps est néant ;
Le passé disparu, l'avenir est fiction ;
Moi, je suis impatient, la nature démunie de la foi ;
Mes jambes chancelantes, mon esprit déserte ;
Mes passions pressantes, mes mœurs incontinentes ;
Mon corps est pétri de péchés, mes penchants solidaires de la
terre ;
Fonds A.R.A.M