POESIE ANTIQUE
ET
POPULAIRE
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Le cheval lui répondit : « Je t'approcherai du soleil et te
brûlerai. »
Sanasar lui dit : « Je suis d'origine marine ; je me glisserai
sous ton ventre. »
Le cheval reprit : « Je te frapperai contre la terre et tu
t'enfonceras dans l'abîme. »
Sanasar lui répondit : « Je suis d'origine marine : je me
hisserai sur ton dos. »
Il s'élança sur le dos du cheval et le chevaucha.
Lorsque celui-ci l'approchait du soleil pour le brûler,
Sanasar descendait sous le ventre du cheval.
Lorsqu'il voulait le frapper contre la terre pour qu'il entrât
dans l'abîme,
Sanasar se hissait sur le dos du cheval.
Le cheval vola encore quelque peu vers le haut et vers le bas,
Cherchant à fuir tantôt d'un côté, tantôt de l'autre,
Se dressa sur ses jambes de derrière,
Lui cracha de l'écume à la face,
Mais ne put jeter Sanasar à terre.
Il s'assagit, s'arrêta, se soumit
Et dit : « Je suis ton cheval, et toi, tu es mon maître. »
(
Frédéric Feydit.)
Fonds A.R.A.M