L'Ascensîqg jçkrç^ mpntagnes infranchissables
N
ous avions quitté Samsoun au commencement de
j u i n
1916.
Un mois "après nous nous trouvions dans
la région de Firendjiler, située à proximité de Ma l a tA Nous
mettions deux mois à-traverser les montagnes pour arriver à
Souroutchr d'où je gagnai Al ep.
M oh voyage a duré en tout trois mois .
pf f :
Les faits qui ont marqué mes dernières pérégrinations sont
si horribles que je crois devoir en abréger le récit. En les
retraçant sous ma plume, i l me semble qu'une fois encore je
remonte cè calvaire.
Au cours des deux derniers mois, en escaladant les sen-
i-fers de cnèvredu massif de Taurus , nous avions l'impression
de fouler un cimetière profané. A chaque pas nos pieds
heurtaient un cadavre en putréfaction. J'ai encore dans les
narines l'odeur de mor t qui nous pénétrait et faisait de nous
des cadavres vivants. E t leur aspect donc? Ces dents à déetfu^
vert blanchissant des faces décharnées ! Les uns étaient noirs
les autres ne formaient qu'un tronçon informe . D'autre
avaient leurs bras arrachés... De larges taches graisseuses
dessinaient sur le sol la trace de corps disparus, sans dou£
emportés par les carnassiers qu i vivent dans ces solitudes.
Fonds A.R.A.M