Point de repos pour l'Arménie
L
A voiture me déposa place Sébil-, près de la gare
Bagdad. Là j'appris que le tsain venait de partir et
qu'il n'y en aurait pas un autre avant une huitaine de jours.
En attendant je dus me résigner à me réfugier parmi la foule
des déportés qui campaient plus loin en plein air dans la
plaine. Seules quelques familles qui avaient leurs hommes
avaient pu se loger sous des tentes de fortune. J'entrais sous
l'un de ces abris et je demandais aux femmes de m'y laisser
rep&^eg un moment. Cette faveur m'ayant été accordée de
bonne grâce, pour la première fois depuis trois mois je pus
dormir tout mon saoul. Vers le soir j'allais à une autre partie
du campement où s'était isolé le groupe de veuves. Assise sur
ma coigfcerture, je regardais avec curiosité le spectacle qui
s'offrait à mes yeux. Le pittoresque le disputait au tragique.
Ifnè femme broyait entre deux cailloux un chétif morceau
de viande qu'elle venait d'acheter. Après y avoir mélangé de
llçikbSn et du
boulgour
_(
i), elle roulait le tout en boulettes
.
^ô^ie avalait à mesure toutes crues.
Tgà et là des marmites de cuivre, miraculeusement échap-
(
i ) Blé grossièrement mo u l u et décortiqué.
Fonds A.R.A.M