LETTRE TROISIÈME.
X.S C O R A N .
Rationalisme du Coran. — Simplicité du dogme. — Pureté
de la morale.
On dit : la Turquie périra par le Coran. Elle périra
comme toute société qui repose sur un principe im–
muable : car rien ne dure dans l'humanité que ce qui
se transforme. L'empreinte de la divinité et de l'éter–
nité dont l'islamisme marqua toutes ses institutions
fut précisément ce qui devait en hâter la ruine. Tout
novateur en Turquie est un impie qui s'élève contre
l'œuvre même de Dieu. Le principe chrétien suffit
aux besoins essentiels de la civilisation, parce qu'il
admet la séparation de la religion et de l'Etat, et que,
dans la religion même, à côté du dogme intérieur éter–
nel, il y a la discipline extérieure de l'Eglise qui varie
suivant le cours des âges. Dans l'islamisme, au con–
traire, où les deux choses sont confondues, vous ne
pouvez toucher à l'une que vous n'attentiez à l'autre,
suivant ce qu'il a été écrit : « Ne vous mettez pas en
peine si l'Etat périt, pourvu que la religion demeure :
Fonds A.R.A.M