LES FAITS
un enfant. Le lendemain ce même homme revint. I l était
tout à fait tranquille : « Je sais maintenant, dit-il ; ils
sont tous morts. » Ce n'était que trop vrai !
Les caravanes qui, les 8, 9 et 10 juin, quittèrent Erzin-
gian dans un ordre apparent (les enfants étaient le plus
souvent placés sur des chars à bœufs) étaient escortées
de soldats. Malgré cela, une fraction très petite devait
atteindre la première étape du voyage. La route de
Kharpout laisse la plaine d'Erzingian à l'est de la ville
pour s'engager dans le défilé de l'Euphrate qui pénètre
en ce point à travers la chaîne du Taurus. La route suit
l'Euphrate dans ses nombreux détours, bordée, le long
du fleuve, de rochers escarpés. La distance jusqu'à
Kémagh, qui n'est à vol d'oiseau que de 16 kilomètres,
atteint, à cause des détours, 55 kilomètres. Dans les
étroits défilés où passe la route, ces multitudes sans
défense, composées presque entièrement de femmes et
d'enfants, encadrées de soldats et de kurdes appostés
exprès, subirent des attaques. D'abord, ils furent com–
plètement dépouillés, ensuite tués de la façon la plus
affreuse, et leurs cadavres furent jetés dans le fleuve.
C'est par milliers qu'il faut compter les victimes de ce
massacre, dans la vallée de Kémagh, à 12 heures seu–
lement de la ville de garnison d'Erzingian, siège d'un
caïmacan (sous-préfet) et du commandement du qua–
trième corps d'armée.
Ce qui se
passa
ici du 10
au
Ikjuin est arrivé au su et par le vouloir (mit Wissen
und Willen) des
autorités.
Les sœurs de charité allemandes témoignent :
«
La vérité des bruits nous fut d'abord confirmée par
notre cuisinière turque. Cette femme racontait avec des
larmes que les kurdes avaient maltraité et tué les
femmes, et jeté les enfants dans l'Euphrate. Deux
Fonds A.R.A.M