LES FAITS
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roum furent évacués par leurs habitants, pour recevoir
des soldats infirmes. En mars, le désordre causé par
les bandes qui étaient soutenues par les cercles jeunes-
turcs, contre la volonté du vali, recommença de plus
belle ; on soumit également dans les villes les Armé–
niens fortunés aux pires exactions. A Terdjan le mudir
de la police fit venir d'Erzéroum un Arménien très en
vue, avec sa fille âgée de 10 ans, et les fit fusiller tous
deux sur place.
En mars de la même année, les Arméniens furent
avisés à Erzeroum, par leurs amis turcs,
que les
membres du « Comité Union et Progrès » projetaient
un massacre.
Le D
r
Taschdjian, qui mourut plus tard
du typhus et qui était également estimé des Turcs et
des Arméniens, en fit part à deux Sœurs de la Croix-
Rouge allemande qui soignaient les soldats turcs à
l'hôpital militaire d'Erzéroum et les pria d'en aviser
le général allemand Posselt-Pacha, qui commandait
alors la forteresse d'Erzéroum, pour qu'il mît en œuvre
toute son influence pour éviter un tel malheur, L'on
racontait que le général Posselt avait réussi à détour–
ner le péril. Mais i l fut bientôt obligé de prendre' un
congé et fut remplacé par un officier turc. Le Consul
d'Allemagne à Erzeroum, M. de Scheuhener-Richter,
fit aussi son possible pour secourir les Arméniens dans
la misère, et empêcher que la situation ne s'aggravât.
Du côté arménien, on lui rendit le meilleur témoignage.
Tandis que le vali Tashin bey s'opposa longtemps aux
mesures ordonnées par Constantinople, les chefs du
parti jeune-turc travaillaient d'autant plus énergique-
ment à exciter les mahométans contre les Armé–
niens. Ils déclaraient que Abdul-Hamid avait commis
l'erreur de ne pas avoir organisé plus radicalement
LEPSIUS
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Fonds A.R.A.M