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RAPPORT DU D
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LEPSIUS
des armes, les gendarmes fouillèrent coffres et armoires,
et enlevèrent tout ce qui leur plaisait. Personne ne pou–
vait dire un mot contre de pareilles réquisitions. Sur
le moindre petit soupçon, ou une dénonciation quel–
conque, des gens innocents étaient jetés en prison, sou–
mis à la torture, et traduits devant le conseil de guerre.
De même que dans le vilayet de Trébizonde, des
bandes, appelées Tschettébs, furent formées dans le v i –
layet d'Erzeroum par les clubs politiques jeunes-turcs'
avec les pires éléments de la population, et on les fournit
d'armes. Ces bandes considéraient comme leur princi–
pal devoir d'attaquer à l'improviste les villages armé–
niens et de les piller. S'ils n'y trouvaient aucun liomme
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ils violaient les femmes et les obligeaient, par de mau–
vais traitements, à leur donner tout ce qu'elles avaient
encore d'argent ou d'objets de valeur. Les Daschnakza-
gans se plaignirent à Tahsin bey, vali d'Erzeroum,
quand de pareils faits se passèrent dans les villages de
Dvigue, Badischine, et Targouni. I l promit de punir les
coupables, mais après dix jours, les mêmes faits se re–
nouvelèrent aux villages de Hintzk et Zitoth, Telle
apparaissait la situation dans le pays déjà au début de
janvier.
Le Vali Tahsin bey, qui avait la meilleure bonne vo–
lonté, réussit provisoirement à réprimer les excès des
Tschettéhs et des gendarmes, de sorte qu'au commen–
cement de février, la situation parut considérablement
améliorée dans la province. Sans doute, les Arméniens
eurent toujours à supporter tout le poids des réquisi–
tions, mais dans l'intérêt de la défense nationale, l'on se
résigna à cette mesure inégale entre les musulmans et
les non-musulmans. On ne fit non plus aucune objection
quand quinze villages arméniens des environs d'Erzé-
Fonds A.R.A.M