LES FAITS
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brigands kurdes furent pris au service de l'armée. On
laissa toute liberté à ces bandes de tomber sur les v i l –
lages arméniens, de les piller, de tuer les hommes, d'en–
lever les femmes et les jeunes filles. Sur les plaintes des
victimes, les autorités ne réagirent qu'en apparence.
L'œuvre de dévastation commença, dans les vilayets
orientaux de Van, Erzeroum et Bitlis, dès le début de la
guerre, et fut continuée jusqu'à ces derniers temps. Elle
fut parallèle à la déportation officielle, et compléta
celle-ci par des attaques contre les caravanes chemi–
nant à travers les vallées solitaires de l'Anatolie. Beau–
coup de caravanes furent à moitié ou complètement
anéanties par de telles bandes. Par l'enlèvement de
jeunes filles, de femmes et d'enfants, qui furent enfer–
més dans les harems turcs ou dans les villages kurdes,
des dizaines de milliers de chrétiens ont été livrés non
seulement à la honte, mais aussi à une conversion for–
cée à l'Islam.
Lorsque s'accomplit la déportation générale, c'est-à-
dire l'expulsion complète de la population arménienne
de toutes les villes et villages arméniens, les familles
arméniennes étaient en grande majorité déjà privées de
la protection de leurs hommes. Là où ce n'était pas le
cas, les hommes furent le plus souvent séparés des
femmes au début de la déportation, emmenés à part et
fusillés. Là où les hommes furent mis en route avec les
femmes et les enfants, ils en furent souvent séparés
durant le transport, ou tombèrent dans des guet-apens
organisés d'avance et furent fusillés en première ligne.
La conséquence de ces mesures fut que, lorsque les
masses de déportés arrivèrent à leur destination, elles
étaient réduites de plus de la moitié. Les caravanes qui
partaient du Nord n'étaient guère composées, quand
Fonds A.R.A.M