RAPPORT DU D
R
LEPSIUS
des enfants au-dessous de 10 ans. Ils venaient à pied
de Diarbékir dans l'état le plus misérable qu'on puisse
imaginer, après un voyage de 45 jours. Ils racontaient
que toutes les jeunes filles et les jeunes femmes avaient
été enlevées par les Kurdes, que tout leur argent et
tout ce qu'ils avaient leur avait été volé. Ils parlaient de
faim, de privations et de misères de toutes sortes, Leur
état misérable est le garant de la vérité de leurs dires.
J'ai appris que 4500 personnes de Soghget (1) ont été
envoyées à Ras-el-Aïn, plus de 2000 de Mézéreh à Diar–
békir, et que dans toutes les villes, Bitlis, Mardine, Mos-
soul, Sewerek, Malatia, Besné et autres, les Arméniens
ont été évacués, que les hommes et les jeunes gens et
beaucoup de femmes ont été tués et le reste dispersé
dans le pays. Si cela est vrai, ce dont on peut à peine
douter, ces derniers doivent naturellement périr de
faim, de maladies, de misères et de fatigues. Le gou–
verneur de Deir-ez-Zor, sur l'Euphrate, qui se trouve
actuellement à Alep, dit qu'il y a présentement 15.000
réfugiés arméniens à Deir-ez-Zor.
Des enfants sont fréquemment vendus, pour les em–
pêcher de mourir de faim, car le gouvernement ne leur
accorde réellement aucun moyen de subsistance.
La statistique suivante montre le nombre de familles
et de personnes qui arrivèrent à Alep, les localités d'où
elles ont été déportées et le nombre de celles qui ont
été expédiées plus loin (2).
Elle s'étend jusqu'au 30 juillet inclusivement.
(1)
Tschok-Gel, dans le vilayet de 'Bitlis, au nord-ouest
de Sert.
{
ï)
La plus grande partie des déportés de Gilicie fut trans–
portée, par Marach et Ourfa, dans la direction de Véran-
chéchir, 5 à 600 par Adana à Konia.
Fonds A.R.A.M