LES FAITS
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Guében, Gùksun, Fournouz, et les localités de Taschi-
lik, Djevikli, Tundadjak et tous les villages d'Alabacbe.
A la fin de juin, le nombre des déportés de ces régions
était déjà de 50.000.
Environ trente Arméniens furent publiquement pen–
dus à Adana, Alep et Marach, dans le but d'inti–
mider la masse. Parmi les pendus se trouvaient deux
prêtres.
Les villages recevaient en général le soir l'ordre
qu'ils auraient à se mettre en route le matin suivant, A
Guében, les habitants durent décamper le jour do la
lessive ; ils furent obligés de laisser leurs vêtements
mouillés dans l'eau et de se mettre en route pieds nus
et à peine vêtus. La plupart des hommes étaient aux
champs. CEUX QUI PASSAIENT A L'ISLAM POUVAIENT RES–
TER. Des gens d'Alabache racontaient que leur village
avait été cerné par les soldats et bombardé avec des
cartouches à blanc, Ceux de Chéhir disaient qu'à peine
avaient-ils quitté le village, que le Mollah se mit à
appeler les « fidèles » à la prière, du haut de l'église
chrétienne, Celle-ci fut changée en mosquée, Le gou–
vernement fît dire aux déportés que, s'ils étaient obli–
gés de laisser leurs biens, le prix en serait fixé et leur
serait plus tard remboursé. Mais aucun inventaire ne
put naturellement être drossé, vu la soudaineté du dé–
part, et d'ailleurs le gouvernement n'y pensa même pas.
Les biens des Arméniens passèrent aux Musulmans
déjà établis dans la localité, et les maisons et les champs
aux Mohadjirs (immigrés) nouveaux venus,
«
Les Turcs sont dans un complet délire », écrit notre
référendaire, « i l est impossible de décrire les angoisses
par lesquelles passent les déportés. Viols, rapts de
femmes et de jeunes filles, conversions forcées, sont
Fonds A.R.A.M