VAllemand pense collectivement ; c'est même
pour VAllemagne une grande force dans la ba–
taille que cet instinct grégaire qui Vassocie toute
entière, dans une inconscience morale absolue,
autour de ses chefs ; sans l'ombre d'esprit cri–
tique, l'opinion allemande avale le mensonge offi–
ciel et se l'assimile ; l'intérêt allemand devient le
seul critère du juste et de l'injuste, du vrai et du
faux, ou plutôt, par l'un des phénomènes de psy–
chologie collective les plus extraordinaires et les
plus dangereux qui ait jamais paru dans l'his–
toire, le bien et le vrai se confondent avec l'in–
térêt allemand, s'identifient à lui dans une mons–
trueuse synthèse à laquelle la philosophie hégé–
lienne prête les apparences d'une
métaphysique
de la force et les aspects logiques d'une marche
vers le progrès humain. Chez les « savants »
eux-mêmes, nulle trace de cette « objectivité »
dont ils prononçaient si volontiers le mot ; nul
indice, pas plus chez les hommes de science que
chez les hommes de foi, d'une conscience ca-
Fonds A.R.A.M