DEVANT LÉ PROBLÈME ARMÉNIEN
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caractère purement arménien de l'Arménie eu s'apptiyant sur une ethnographie
fondée sur l a violence ».
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Nous trouvons, pour notre part, la théorie d u Mémoire arménien fort
j us t e et conforme
à
la doctrine de l'intervention d'humanité. En effet,
la justice exige avant tout que les crimes perpétrés par les Turcs, aussi
bien avant que pendant la Grande Guerre, n'aient pas l'effet v ou l u par les
c r i m i n e l s : celui de lurquih'er, p a r l e fer et par le feu, des pays non
turcs. I l serait contraire à tout d r o i t et à toute morale de reconnaître
aux Turcs une
prime pour les massacres
qu i ont bouleversé les rapports
entre les nationalités. On ne saurait opposer aux revendications des
Arméniens et des Grecs leur nombre réduit par les persécutions de leurs
anciens maîtres. D'ailleurs, les anciennes proportions se trouveront
bientôt rétablies p a r l e retour des déportés et l ' immi g r a t i o n de nouveaux
éléments chrétiens. Bien plus, grâce au j eu des naissances, qu i ne sera
plus contrarié par des massacres, les anciennes minorités ne tarderont
pas à devenir la majorité, comme le prouvent les exemples delà Bulga–
rie et de la Grèce depuis leur émancipation.
La théorie arménienne, l o i n d'être opposée au principe des na t i ona l i –
tés, part, au contraire, de la plus haute conception de ce p r i nc i p e . Car
elle demande qu'en assignant aux nations civilisées, persécutées p e n –
dant des siècles par des barbares, les territoires où elles pourront doré–
navant se développer librement, les Puissances ne se basent pas seule–
ment sur la force
actuelle
de ces races ; elle leur demande de se baser
aussi sur leur vitalité, leur histoire, leur civilisation, et, en général,
sur tous les facteurs q u i rendent leur développement précieux pour
l'humanité.
Fonds A.R.A.M