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LA SOCIÉTÉ DES NATIONS ET LES PUISSANCES
de t e r r i t o i r e » aux Arméniens (1). Ce Congrès avait déjà un caractère net–
tement panislamiste. Les représentants des Soviets d u gouvernement
d'Azerbeïdjan et des émissaires p e r s a n s / p r i r e n t part officiellement (2).
L'union entre bolcheviks russes et nationalistes turcs était désormais
scellée. Et , aussitôt, une intense propagande commença d'agir dans tous
les pays mu s u lman s , surtout dans ceux de race turque.
Sous l'influence de celte propagande, l'Azerbeidjan tatare se lia en–
core plus étroitement avec l a Tu r qu i e , don t i l devint bientôt le vassal de
fait. Dans une convention mi l i t a i r e secrète, en octobre 1919 (3), les deux
pays se garantirent leur intégrité territoriale, et la Tu r qu i e assuma l'or–
ganisation de l'armée tatare qu i se trouva bientôt sous le c ommande –
me n t presque exclusif des officiers turcs. D'un autre côté, l'Azerbeidjan
avait c onc l u , quelques mois auparavant, le 16 j u i n 1919, une alliance
militaire avec la Géorgie. L'expansion turque dans le Caucase ne trouva
donc plus devant elle qu ' un seul obstacle : l'Arménie. Comme le déclara,
à une séance d u sous-Comité de Berlin de la « Ligue pour la libération
de l'Orient », un délégué mu s u lman de Russie, « la République armé–
nienne était l'unique empêchement à l'unification du mouvement pan -
islamiste d u Caucase avec celui de la Tu r qu i e et de l a Perse » (4).
I I I
L A P R O C L A M A T I O N D E L ' É T A T A R M É N I E N I N T É G R A L .
Cette déclaration corresponuait à une réalité. En effet, l a République
arménienne, où s'étaient réfugiés presque tous les Arméniens de la Tu r -
(1)
La frontière turque en Asie est déterminée, dans les Résolutions de Sivas, par une
ligne de démarcation tirée du Sud de Mossoul directement jusqu'à Alexandrette (Pail-
larès,
Le Kématisme devant tes Alliis,
donne le texte des décisions du Congrès, p. 59).
Le principe de l'inaliénabilité des provinces orientales a été également introduit dans
le
Pacte Sational
du Parlement ottoman de Constantinople du 28 janvier 1920.
(2)
Omer Kiazim,
L'aventure kémalisle,
Paris, 1921, Edition universelle, p . 31. Voici
comment s'exprime, au sujet du Congrès de Sivas, l'auteur turc : « C'est alors que la
question se posa sous son aspect véritable. Le gouvernement de Moscou promettait
son aide et soutien et consentait à satisfaire toutes les ambitions, à une seule condi–
tion cependant : ses intérêts demandaient à être bien servis. La guerre devait se géné–
raliser, s'étendre en Cilicie, f n Syrie, gagner la Mésopotamie et l'Arabie ; l'anarchie
surtout devait s'éterniser en Orient. Le mouvement révolutionnaire devrait se déployer
rapide dans l'intérieur de l'Asie et se propager jusque dans les Indes ».
(3)
The Times,
7
janvier, 20 et 24 mars 1920. Comp. V. M. Britain,
Turkey and Hus-
sia in the Caucasus,
dans
The New Russia,
n» 12, 22 avril 1920, p. 359-364.
(4)
T/us Times
du 3 février 1920.
Fonds A.R.A.M